vendredi 22 mai 2015

PREVERT, "La grasse matinée"



Pour compléter notre étude du poème voici un lien qui vous permettra de visionner un document très intéressant : Marianne Oswald interprète "La grasse matinée" de Jacques Prévert en 1957.


Par ailleurs, Albert Camus appréciait cette chanteuse particulière et voici ce qu’il a écrit :
Qu'est-ce qui fait que j'aime depuis des années la voix de Marianne Oswald alors même que je ne la connaissais pas, au temps où elle criait les chansons de Jacques Prévert, Gaston Bonheur, Arthur Honegger, Maurice Yvain, Kosma et « Anna la Bonne » de Jean Cocteau.
Dans ces chansons de flamme et de suie que la voix terrible de Marianne a promenées pendant des années au-dessus des foules malheureuses et inquiètes, il n'était pas possible de ne pas deviner le grand appel vers la lumière. 
Et sans doute je n'aurais pas tant aimé cette voix retrouvée si je n'avais pas senti à quel point elle était attachée à la fois au malheur de notre époque et au bonheur de tous les temps. 
Par-dessus les années du bruit et du malheur, sa voix continue de retentir parmi nous, inlassablement, et de nous appeler à la vigilance. Elle continue, brutale et rauque, solitaire comme un cri. Ce qu'elle a de violent et de tendre, son déchirement, l'obstination qu'elle met dans l'aveu d'une souffrance ou d'une joie passagère, son lyrisme à la fois imprévu et quotidien, les laves passionnées qu'elle traîne avec elle en même temps qu'une source fraîche et enfantine, oui. Je reconnais bien là l'univers qui est le nôtre. 
C'est pourquoi avec tant de désespoir, Marianne Oswald continue d'être la Voix de l'espoir. C'est pourquoi aussi elle a choisi aujourd'hui de prêter sa voix à notre plus grand poète vivant, le poète de l'espoir désespéré, René Char.

Albert Camus



http://claude.torres1.perso.sfr.fr/GhettosCamps/Clandestinite/Occupation/OswaldMarianne/Philips432181NE.jpg Ce texte signé d'Albert Camus figure au dos d'une pochette de disque daté de 1957. C'est probablement le seul exemple du genre dans l'oeuvre de Camus. Ce disque comprend quatre morceaux : Le dernier poème de Robert Desnos, Anna La Bonne de Jean Cocteau, La grasse matinée de Jacques Prévert et Joseph Kosma, et L'Écolière de René Char.


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